Par son intérêt pour les procédés couleur dès les années 1920, Gaston de Jongh (1888-1973) fait figure de pionnier. En effet, si la photographie en couleurs est rendue possible dès la seconde moitié du XIXe siècle, elle est marginalisée par les photographes professionnels et par le milieu culturel jusque dans les années 1970. Techniquement difficile à réaliser, elle est en même temps considérée comme une reproduction trop fidèle de la réalité pour être reconnue comme médium artistique. De plus, dès 1936, elle est abondamment pratiquée par les amateurs suite à la commercialisation du Kodachrome, dont tout le traitement est pris en charge par Kodak, selon le célèbre slogan : « You press the button, we do the rest ». Gaston de Jongh, lui, ne cessera de développer lui-même ses clichés en couleurs, avant comme après l’introduction du Kodachrome.
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Fig. 1 La trichromie est un procédé de tirage inventé en 1868 par Louis Ducos de Hauron. Cher et compliqué, il demande un grand savoir-faire : il s’agit de produire trois photographies du même objet, chacune avec un filtre de l’une des couleurs primaires ; la superposition des trois négatifs permet ensuite un tirage reproduisant la quasi-totalité de la gamme chromatique.
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Fig. 2 Le procédé Tripack date des années 1930. Il s’agit d’une pellicule sur laquelle trois émulsions correspondant aux trois couleurs primaires ont été assemblées en couches superposées : un triple négatif est ainsi produit d’un coup et le tirage permet de reproduire l’ensemble de la gamme chromatique.
Bien qu’il soit principalement connu pour ses portraits noirs et blancs, les intérêts de Gaston de Jongh en matière de photographie sont multiples. Ce classeur traduit son goût pour l’expérimentation des procédés de tirage ainsi que d’impression en couleurs. Les procédés de tirage englobent ici une grande variété d’opérations permettant, à partir d’un négatif, d’obtenir une épreuve positive, que ces procédés soient anciens comme la trichromie (Fig. 1) ou plus récents comme le Tripack (Fig. 2). L’impression permet ensuite de multiplier ces clichés dans les périodiques ou les livres. Gaston de Jongh est un photographe publié et le rendu de ses photographies imprimées semble lui avoir beaucoup importé, comme le montrent les reproductions de la Pouponnière Nestlé (Fig. 3), celles d’un vitrail de la cathédrale de Lausanne (Fig. 4) ou de la revue Lectures du Foyer (Fig. 5).