Le projet de cette édition a été formé en 1758 par Sigismond d'Arnay et François Grasset (probablement sur le conseil du pasteur Jean-Philippe Dutoit-Membrini, auteur de la dédicace de l'ouvrage à l'empereur Joseph II). Encouragés dans leur projet par le pape Benoit XIV, grand ennemi des jésuites, auprès de qui Grasset avait eu audience à Rome, les associés lausannois publièrent en 1759 un prospectus daté d' "Avignon, et se trouve à Lausanne, chez François Grasset". Ce prospectus a été rédigé par l'abbé Goujet, que le cardinal Passionei avait convainsu d'assurer la direction scientifique de l'édition. Entretemps, la mort de Benoît XIV et l'accession au trône pontifical de Clément XIII, favorable aux Jésuites, avaient toutefois modifié la donne : le prospectus fut publiquement condamné et les libraires qui souscriraient à l'édition furent menacés d'excommunication. A en croire les éditeurs, la supression de l'ordre des jésuites, en 1773, sous le pontificat de Clément XIV, permit au projet élaboré en 1758 de se concrétiser bien des années plus tard. Un second prospectus fut publié par d'Arnay en 1774, et le premier volume sortit de presse l'année suivante. L'abbé Goujet étant dès 1764 tombé dans un "état de langueur" qui l'empêcha d'assumer la direction de l'entreprise, l'éditeur lausannois se tourna vers un autre savant français, Jean Hautefage qui, établi à Lausanne pendant plusieurs années, mena l'entreprise à chef (renseignements tités de l'"Avis de l'éditeur" placé en tête deu tome 1).

 

Pour financer cet ambitieux projet, Sigismond d'Arnay a bénéficié d'un prêt de 4800 francs délivrables à mesure de l'avancée de l'impression, prêt concédé par Jean-François Francillon (ACV, Dg 76/2, p. 2-3 ; voir aussi Dg 10/3, f. 142).

 

Le tome 6, qui contient le nouveau Testament, a fait l'objet d'un tirage à part (v. bible-nt-fra-76).

 

Pour cette édition monumentale des Œuvres d'Arnauld, Sigismond d'Arnay a fait graver en taille-douce d'après des dessins de Chales-Nicolas Cochin des vignettes de titre et de départ (p. 1 du texte) pour tous les volumes à l'exception du tome 37 qui comprend la vignette de titre seule. La vignette de titre, qui représente les armoireies de la famille d'Arnauld, non signée, existe en plusieurs versions ou états. Pour la vignette de départ, 11 sujets différents ont été identifiés, les mêmes cuivres ayant été utilisés pour plusieurs tomes ; les gravures sont l'œuvre de Georges Malbeste, François-Guillaume Lardy ou encore Bénédict-Alphonse Nicolet ; certains des sujets ont fait l'objet de gravures distinctes, ou existent en différents états. Plusieurs lettres ornées gravées en taille-douce ont également été utilisés dans les pages de départ des premiers tomes, peut-être réalisées d'après des dessins de Cochin.

 

L'impression a été confiée principalement à Abraham-Louis Tarin, avec le concours de Jean-Pierre Heubach dans un premier temps, puis, dès 1778, d'Isaac Hignou ; la part du travail de chacun de ces ateliers est précisée pour chaque tome d'après les relevés effectués en 2020 avec l'aide de Pascal Delvaux.