Cette édition a été imprimée à Bâle par Niklaus Koelner pour François Grasset, qui la propose dès décembre 1759 dans le Journal helvétique: "Nouvelle et belle édition faites sur la dernière publiée à Paris, à laquelle on a joint des remarques philosophiques et politiques d'un célèbre anonyme qui n'ont point encore été publiées." L'édition parisienne évoquée ici par Grasset est la première édition des Œuvres, publiée en 1758 à Paris par un groupe de libraires (Huard et Moreau fils, Durant, David, Guillyn) au bénéfice d'une permission tacite, format in-4°, sous l'adresse fictive d'"Amsterdam et Leipzig, chez Arkstée et Merkus". 

L'édition publiée par Grasset copie en fait les tomes 1 à 4 de l'édition des Œuvres en 6 volumes in-12° parue en 1759 à Amsterdam et à Leipzig, chez Arkstée et Merkus, où ont été imprimées pour la première fois, les "Remarques philosophiques" anonymes. Attribuées à Elie Luzac, ces remarques constitueraient en fait une sérieuse critique des principes énoncés par Montesquieu dans l'Esprit des lois. La dédicace "A son Altesse Sérénissime Guillaume V, Prince d'Orange et de Nassau", ainsi que la pièce intitulée "Avertissement de l'anonyme" (dues probablement toutes deux à Luzac) ont été supprimées dans l'édition lausannoise.

Cette édition, munie de nouvelles pages de titre, a été utilisée parallèlement par Grasset pour former les tomes 1 à 4 de l'édition des Œuvres de Montesquieu qu'il a publiée en 1761 (v. montesquieu-oeu-61).