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La gravure dans tous ses états

La pratique de la gravure accompagne Catherine Bolle depuis ses premiers pas dans le monde de la création plastique.

L’intérêt de la jeune artiste pour ce moyen d’expression doit être replacé dans le contexte d’une époque que rêvait d’un art qui excède le groupe très fermés des collectionneurs.
En multipliant les exemplaires et en diminuant les prix,
la gravure offrait une alternative à l’oeuvre unique.

Pour l’étudiante qu’elle était, aux Beaux-Arts, à Sierre, l’investissement en matériel était par ailleurs assez modeste, au moins pour la lino et la xylogravure, techniques dans lesquelles elle fit ses premières armes, avant de se découvrir dans les années 90, au contact de Raymond Meyer, à Pully, une passion pour la gravure en taille-douce qui ne s’est plus démentie depuis. Peut-être la petite gravure de Pietro Sarto que son père, lui-même peintre de talent, lui offrit à l’occasion de la visite l’exposition « La gravure en creux des origines à nos jours » au Château de La Sarraz, en 1974, n’est-elle pas étrangère à ce choix.

Quoi qu’il en soit, la taille-douce, principalement la pointe sèche, mais aussi l’eau-forte et l’aquatinte, sont à la base de très nombreux livres, qu’ils soient entièrement gravés (texte et images) ou de les gravures soient associées à des textes typographiés ou incorporées à des interventions.

Le Dernier été de Klingsor : l’autoportrait (1991)

Le Dernier été de Klingsor : l’autoportrait
Pully : Editions des ateliers Catherine Bolle et Raymond Meyer, 1991
Typo : François Roubin, Genève
8 doubles f. dans un emboîtage ; 34 cm
Suite de 6 eaux-fortes originales de Catherine Bolle inspirées du texte tiré de la nouvelle Le dernier été de Klingsor de Hermann Hesse, traduit par Edmond Beaujon
– 15 suites sur vélin d’Arches num. de 1/15 à 15/15
– un ex. de dépôt légal marqué 0
– 5 ex. rehaussés, comprenant en hors-texte une suite complète imprimée sur japon à marges perdues, justifiés de I/IV à IV/IV
Ex. n° 5, enrichi d’une suite sur Japon signée et d’une lettre manuscrite de l’artiste à l’imprimeur.

A l’instar du recueil Quatre planches de ta mère, réalisé en 1988, ce travail propose une réflexion sur l’autoportrait, la figure de l’artiste se superposant à celle de l’auteur.
Une gravure de grand format créée en parallèle, Les vergers marins, revisite le thème de Klingsor ; cette figure inquiétante située à la frontière du monde des ténèbres, entre ombre et lumière pouvait-elle ne pas interpeler Catherine Bolle, qui a exploité pour restituer l’univers mental de Hermann Hesse une technique d’eau-forte particulière, qui permet de faire apparaître des traits de lumière sur un fond sombre. Une dimension « magique » que l’alchimie de la gravure traduit à merveille.