Formation artistique

Claire Nydegger, Casamari, mars 1992, photographie d’Axel Gampp.

La première formation de Claire Nydegger est l’école des Beaux-Arts de Lausanne qu’elle fréquente entre 1979 et 1983. Elle gardera de cette école une curiosité à l’égard de toute forme d’expression. On y enseignait, en effet, de nombreuses techniques aussi bien modernes – cours de photographie, de sérigraphie –que classiques – cours de peinture, de gravure et de dessin académique. Ces derniers sont alors ses préférés, car la figure humaine la passionne déjà. Elle gardera un bon contact et souvenir de ses professeurs, qui, s’ils ne sont pas tous des pédagogues de pointe, lui donnent l’exemple de très bons artistes : Jean-Jacques Gut, Pierre-Noël Bergendi, Léon Prébandier, Hans-Jörg Gisiger, Janos Urban, Françoise Daniselli, Roger-Virgile Geiser, Arthur Jobin, mais c’est surtout Jean Otth qui la marquera définitivement par son approche artistique sans compromis durant sa première année d’études, dite préparatoire, après avoir été un des professeurs de dessin de son enfance au collège. C’était un personnage dynamique qui avait un intérêt marqué pour les nouvelles technologies, telles la vidéo, ou l’infographie ; son enseignement était très personnel : à la fois intellectuel, voir philosophique, et en même temps d’une grande finesse dans le traitement de l’image. Une approche résolument contemporaine avec des thèmes finalement classiques et intemporels, et tout cela associé à une rigueur et à une exigence extrêmes.

Elle va garder de ses études ce goût pour les techniques artistiques variées et revendique pour sa part le rapport à la matière dans l’art, qu’elle considère comme fondamental. En effet, Claire aspire à une maîtrise technique décomplexée afin que celle-ci ne soit plus un frein à l’expression. Mais la matière ne doit pour elle pas devenir une fin en soi, raison pour laquelle elle cherche toujours une simplicité dans l’approche des medium utilisés. La « cuisine », en gravure par exemple, ne l’intéresse pas. Même si elle admire des artistes comme Albert-Edgar Yersin, de son côté, elle craint de ne pas aller droit au but, ou de se perdre et de ne plus se faire comprendre. Par contre, elle peut inlassablement traiter un même sujet dans des techniques différentes, chacune dévoilant, grâce son potentiel spécifique, des univers infinis. Pour cette raison, elle éprouve un intérêt particulier pour la variation, que ce soit chez elle ou les autres artistes, plasticiens ou musiciens, amateurs de cette forme d’expression.

On ne peut pas parler de sa formation artistique, sans que Claire n’évoque deux personnalités vaudoises, qui ont eu une forte incidence sur son parcours personnel. Il s’agit, au sortir de ses études en 1983, de sa rencontre avec Bernard Blatter, jeune directeur à cette époque d’un petit musée de province, le musée Jenisch à Vevey, qui va devenir grâce à lui le pôle culturel que l’on sait, rayonnant et drainant avec lui toute une activité culturelle dense et polymorphe à Vevey. Sur la proposition de Jacques Monnier-Raball, alors directeur de l’École Cantonale des Beaux-Arts de Lausanne, Blatter exposera en 1984 une centaine de travaux de fin d’études de Claire Nydegger, soit des vues du lac en peinture et gravure. Il suivra régulièrement le travail de Claire, l’encourageant à postuler pour l’Institut Suisse de Rome et lui offrant la possibilité d’exposer ses travaux à la Galerie Arts et Lettres en 1987 au retour de son séjour.

L’autre personnalité vaudoise évoquée plus haut, qui n’est pas directement liée aux arts plastiques, est pourtant un professionnel de l’image. Il s’agit de Charles-Henri Favrod, créateur et directeur honoraire du Musée de l’Elysée pour la photographie à Lausanne, dont l’activité de commissaire d’expositions va remplacer pour Claire Nydegger tous les cours théoriques sur l’image. Le foisonnement, la multiplicité des approches du monde, les différentes sensibilités par rapport à l’esthétique et aux regards portés sur l’actualité va être une école aussi importante pour elle que l’école d’art officielle un peu endormie. Plus tard, Charles-Henri Favrod deviendra un ami proche, précieux conseiller et complice dans plusieurs projets d’expositions en particulier.