Dante et Béatrice

Selon Boccace (1313-1375), Dante aurait rencontré la petite Béatrice Portinari pour la première fois en 1274, soit à l’âge de neuf ans, lors d’une fête donnée par le père de cette dernière. Dès cette époque, le poète commence à nourrir à son égard un amour qui ne fait qu’augmenter avec le temps. Cet amour, qui est à l’origine de sa carrière poétique, reste toutefois idéal et platonique : Dante épouse en 1285 Gemma Donati, tandis que Béatrice est mariée en 1287 à Simon de Bardi. Vers 1283, un poème consacré à Béatrice permet à Dante d’entrer dans le cercle des poètes florentins. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec Guido Cavalcanti, poète italien alors déjà renommé avec lequel il partage plusieurs idéaux. En effet, tous deux écrivent leurs poèmes en occitan, soit en langage vulgaire, non seulement dans le but de l’élever au rang de langue poétique mais aussi afin de rendre leurs œuvres accessibles à un public plus large. De plus, leur attrait commun pour l’amour courtois, qu’ils considèrent comme un moyen d’élévation spirituelle, les place au cœur du groupe du Dolce stil novo, dont le motif central est la célébration de l’amour.

En 1290 Béatrice décède à l’âge de 24 ans. Trois ans plus tard, Dante publie la Vita Nova, rédigée sur le modèle des recueils de troubadour, qui réunit la plupart des poèmes composés entre 1283 et 1291, et illustre l’évolution de son amour pour Béatrice. Fidèle à son idéal de clarté, Dante ajoute à l’ensemble un texte en prose qui est à la fois une glose des poèmes et une ébauche autobiographique. Il fait alors également la promesse d’écrire un autre volume, bien plus grand, qui dise de Béatrice « ce qui n’a jamais été dit d’aucune femme ». Ce livre annoncé est évidemment la Divine Comédie, où Dante place sa bien-aimée dans le paradis aux côtés de sainte Lucie et de la Vierge. C’est ainsi que Béatrice, élue parmi les élus, voyant Dante perdu dans la forêt obscure de son existence, lui envoie Virgile pour le guider jusqu’à elle, tandis qu’elle-même va le guider vers la contemplation du Dieu éternel.

Mille désirs plus brûlants que la flamme (Purgatoire, Chant XXXI, Aquarelle, mai 1990 – juillet 1991)