De la mythologie aux cercles

Lorsqu’elle termine son travail sur la Divine Comédie, au début des années 90, Claire Nydegger se tourne vers un travail plus purement pictural : elle approfondit ses recherches sur la couleur ainsi que ses différentes théories et s’intéresse aux formes géométriques simples et à leur résonnance profonde dans notre culture. Elle les met alors en scène dans des thèmes mythologiques, comme l’exemple évidant de Sisyphe et du cercle, qui évoque sa tâche inutile, sans fin, ni repos, et qui pourtant donne un sens à son existence.

Puis dans l’idée d’aller à l’essentiel, elle réalise en 1995 une série de variations sur le carré et le cercle aux pastels d’abord, apprivoisant ainsi une boîte de 525 tons. C’est un véritable marathon coloré qui aboutira à une maîtrise à toute épreuve de la couleur, de ses messages symboliques ou cachés et de ses incidences sur nos sens. Ces recherches au pastel sur la couleur pure lui procurent une immense joie et une connaissance du sujet tant intellectuelle que sensorielle. Le pastel l’amène tout naturellement à aborder le thème du cercle en peinture à l’huile dans l’envie d’expérimenter ces thèmes en plus grand et sur un support qui demande un travail de plus longue haleine que le pastel, cousin du crayon et par conséquent proche encore du dessin.

De même que les aquarelles du Paradis, les peintures à l’huile résultant de ce travail ne la satisfont pas entièrement : elle les expose une fois à Vevey avec ses pastels, qu’elle considère eux comme aboutis, puis les met de côté. Ce n’est qu’aux alentours de 2010, lors du déménagement de son atelier, qu’elle travaille à nouveau sur ces tableaux. La deuxième fois étant la bonne, elle décide de les présenter sous leur forme définitive en 2013 à la galerie de l’Éstrée, à Ropraz. C’est là, alors que ces peintures sont exposées près du carnet de lavis de la Divine Comédie, que leur rapport au Paradis de Dante devient une évidence.