La Guilde du Livre

La Guilde du livre

L’essor de l’édition photographique à Lausanne doit beaucoup à celui des grands clubs de livres : la Guilde du Livre et les Editions Rencontre. Dès les années 1930, la première entend démocratiser l’accès à la lecture en produisant des ouvrages de grande qualité, matérielle et littéraire, destinés à une diffusion large. Dans l’après-guerre, l’album photographique participe à cette ambition : un objet accessible, peu intimidant dans son lien à la culture de masse, et pourtant porté ici par un souci d'excellence. Celle de la reproduction en héliogravure d’abord, magnifiée par le savoir-faire de l’imprimerie Héliographia, celle du contenu ensuite, marqué par un soin particulier apporté à la relation du texte et de l’image. Par rapport au modèle du recueil photographique alémanique, allemand ou américain en effet, les albums de la Guilde se distinguent par les interactions fortes et diversifiées nouées entre le texte et les planches, fruits d’une collaboration souvent serrée de l’écrivain et du photographe.
Plus de 80 volumes voient le jour des années 1940 au milieu des années 1970. Parmi eux figurent l’un des plus gros succès de l’édition photographique francophone, Paris des rêves d’Izis (1950), écoulé à quelque 120'000 exemplaires, mais aussi certains classiques du genre comme La Banlieue de Paris de Blaise Cendrars et Robert Doisneau (1949) ou La France de profil de Claude Roy et Paul Strand (1952). Des photographes du cru, comme Henriette Grindat, sont également révélés par la collection, qui expérimente par ailleurs les formes multiples du livre de cinéma et du livre pour enfants.