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Henriette Grindat, Lausanne, 1952

• 1. Contrat, dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.

Le livre Lausanne édité à la Guilde du Livre paraît en 1952 sous la direction d’Albert Mermoud. Les photographies sont toutes signées d’Henriette Grindat, dont c’est le premier livre. Il était d’ailleurs stipulé dans le contrat : «cette illustration est confiée en exclusivité à Mlle Henriette Grindat en ce sens qu’aucune image d’un autre photographe ne figurera dans le livre.»1 Selon le fonds d’archives de la Guilde conservé à la BCU, il était prévu qu’Henriette Grindat fournirait 65 photographies, en étant apparemment très libre quant au choix du contenu. Certains thèmes sont cependant établis d’un commun accord entre Albert Mermoud et le syndic de Lausanne, Jean Peitrequin, qui a lui aussi son mot à dire puisque la Municipalité passe d’emblée commande de 10'000 exemplaires du volume.

• 2. Albert Mermoud, lettre à Jean Peitrequin, Syndic de Lausanne, 24 octobre 1951, dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.
• 3. Albert Mermoud, lettre à Philippe Jaccottet, 22 février 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.
• 4. Albert Mermoud, lettre à Philippe Jaccottet, 27 février 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.
• 5. Albert Mermoud, lettre à Charles-Albert Cingria, 17 avril 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.

L’ouvrage est réalisé dans la veine de Paris des Rêves (☞ Paris des Rêves), grand succès de la Guilde deux ans plus tôt, qui lui sert de modèle tant dans le contenu que dans la forme. Très tôt dans la préparation du livre, Mermoud indique : « Je crois que dans sa forme définitive notre projet s’apparentera au volume Paris des Rêves sans en constituer une servile imitation »2. Il en reprend exactement le format et la mise en page (fig. 1), avec la confrontation de planches verticales, imprimées à bords perdus sur la belle page, et de textes autographes d’auteurs divers en regard. Là, l’accent est mis sur la qualité poétique du texte plus que sur sa longueur, parfois très réduite (fig. 2). Le choix des auteurs se fait d’entente entre le syndic et Mermoud, qui assure ensuite le contact avec eux. Il laisse à certains le choix de la photographie à accompagner, et pour les encourager à participer, cite volontiers l’album d’Izis en référence : « un livre sur Lausanne dans le genre de Paris des Rêves »3, « un peu semblable à Paris des Rêves »4. La comparaison est telle que Charles-Albert Cingria se trompe de sujet et que Mermoud doit lui écrire pour rectifier la méprise : « Je suis à la fois ravi et consterné par votre beau texte. […] consterné parce qu’il concerne Paris et non, comme je vous l’avais demandé : Lausanne. »5 C’est qu’Henriette Grindat réussit à dénicher dans le chef-lieu vaudois une poésie qui n’est pas sans rappeler celle du Paris d’Izis : ambiances nocturnes ou neigeuses, arbres dégarnis, pavés (fig. 3) ou carrousels (fig. 4).

Fig. 1, Lausanne, p. 20-21.	Fig. 2, Lausanne, p. 66-67.
Fig. 3, Lausanne, p. 18-19.	Fig. 4, Lausanne, p. 34-35.

• 6. Albert Mermoud, lettre à Charles-Albert Cingria, 20 juin 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.
• 7. Albert Mermoud, lettre à Maurice Chappaz, 20 juin 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.
• 8. Albert Mermoud, lettre à Carlo Coccioli, 29 juillet 1952, Dossier « Lausanne » (IS 4359, carton F 178), Fonds de la Guilde du Livre, BCU, Département des manuscrits.

Mermoud n’est pas d’emblée convaincu du défi du modèle parisien : comment mettre sur pied d’égalité une capitale chargée d’aura poétique et la cité vaudoise ? En dépit de ses appréhensions initiales, il se montre cependant satisfait : « le livre, finalement est admirable »6, « je suis à ma grande surprise assez satisfait »7, « ces photos sont très belles et l’ensemble du livre quoi qu’on en puisse penser à première vue (car c’est une gageure que de faire un livre sur Lausanne) est très séduisant »8. Des lettres d’abonnés témoignent également de leur joie à la lecture de l’ouvrage, tout comme le syndic de la Ville de Zurich, qui écrit lui aussi à Mermoud pour le féliciter.

— Jenny Aubert