Lexique technique

Lexique technique

En cinq siècles, l’imprimerie a connu bien des mutations, de la presse Gutenberg aux rotatives offset. Le but n’est pas ici de faire l’histoire de cette évolution, mais de
 se concentrer sur les techniques mises en jeu dans l’impression de la photographie dans les années 1950-1960 : la typographie, l’héliogravure et l’offset. Durant cette période, ces différents procédés cohabitent souvent au sein d’une même entreprise, voire à l’intérieur d’un même livre. Il arrive ainsi parfois que le texte soit imprimé en typographie, les images en héliogravure, sur des papiers distincts, pour une meilleure qualité du rendu de chacun (fig. 1). C’est le cas, par exemple, d’Imprimerie, navire des idées (1957) et de L’Image témoin (1967), deux beaux livres publiés pour les quarante et les cinquante ans des Imprimeries Populaires, qui multiplient les techniques pour mettre en valeur le savoir-faire de l’entreprise.

’aime la mime, photo Monique Jacot, texte Jean Dorcy, Lausanne, Editions Rencontre, 1962, p. 44-45. (La page de gauche, en héliogravure, a été imprimée à l’Imprimerie Centrale, celle de droite, en typographie, à l’Imprimerie Rencontre.)

Fig. 1, J’aime la mime, photo Monique Jacot, texte Jean Dorcy, Lausanne, Editions Rencontre, 1962, p. 44-45.

La typographie

  • 1. Gérard Martin, L’Imprimerie, Paris, Presses universitaires de France, 1998, p. 71.

La typographie est un procédé d’impression en relief qui voit le jour, sous sa forme traditionnelle, avec Gutenberg. Le principe est proche de celui du tampon : les textes et les dessins destinés à être imprimés sont reproduits à l’envers et en relief, puis « enserrés dans un cadre métallique »1 servant à délimiter la page. Une fois leur surface encrée, ils sont transférés sur le papier par un phénomène de décalque à l’aide d’un cylindre contre-pression. Ces formes imprimantes s’allègent au cours du temps, passant du plomb au caoutchouc.

L’héliogravure

  • 2. Catherine Laulhere, Thierry Dubus, La Fabrication : les clés des techniques du livre, Paris, Cercle de la Librairie, 2012, p. 93.

L’héliogravure est un procédé d’impression en creux inventé au début du XIXe siècle. S’inspirant de la taille-douce, il est dit de transfert direct « car l’encre est communiquée directement du cylindre au support d’impression »2. Un cylindre en cuivre, qui a préalablement été gravé avec les images et les textes à reproduire (fig. 2), est enduit d’encre. Une racle métallique vient essuyer le surplus d’encre à la surface du cylindre afin de ne laisser encrées que les tailles. Finalement, le papier passe entre le cylindre gravé et un cylindre de contre-pression : sous la force exercée par ce dernier, l’encre qui se trouve dans les tailles vient se déposer sur le papier. La densité d’un noir dépend dès lors de la profondeur de la taille : plus une taille est profonde, plus le noir de l’image sera intense.

Imprimerie, navire des idées, texte de Charles-François Landry, Lausanne, Imprimeries Populaires, 1957, p. 94-95. (Cette image en détail montre les cylindres)

Fig. 2, Imprimerie, navire des idées, p. 95 (détail).

  • 3. Gérard Martin, op. cit., p. 100.

Si leur fonctionnement général reste le même, il faut distinguer l’héliogravure à feuilles de l’héliogravure à bobines. S’inscrivant « dans la grande tradition de la gravure manuelle »3, les machines à feuilles servaient à imprimer des ouvrages de grande qualité à tirages relativement restreints, comme c’était le cas pour les livres de photographie de La Guilde (☞ La Guilde du Livre). Au contraire, les machines à bobines étaient utilisées pour l’impression de très gros tirages (plus de 250’000 exemplaires), notamment pour des catalogues de vente par correspondance, du papier peint, des timbres ou des revues richement illustrées. Les deux procédés pouvaient cohabiter dans une même entreprise, comme c'était le cas chez Héliographia.

L’offset

  • 4. Ibid., p. 80.

L’offset est inventé au début du XIXe siècle, mais ce procédé d’impression dit « à plat » ne se généralise que dans les années 1960. « En offset comme en lithographie la démarcation entre les zones imprimantes et les zones non imprimantes des formes repose, non sur une différence de niveau (cas de la typographie et de l’héliogravure), mais sur l’absence ou sur la présence d’eau, l’absence d’eau déterminant les zones imprimantes appelées à accepter l’encre, la présence d’eau les zones non imprimantes appelées à rester vierges »4. La forme imprimante destinée à être reproduite est réalisée sur une plaque qui sera ensuite fixée sur un cylindre. Ce cylindre porte-plaque reçoit à la fois de l’eau et de l’encre. En tournant, la plaque vient se décalquer sur le blanchet, un cylindre intermédiaire en caoutchouc, dont la présence est indispensable puisque le papier ne supporte pas le contact avec l’eau. C’est ce blanchet qui transfère l’image sur le papier.

Bichromie et quadrichromie

Une image bichrome est une image imprimée avec deux encres, généralement le noir et un pantone de couleur.
Une image quadrichrome est une image composée des trois couleurs primaires (cyan, magenta et jaune) auxquelles on ajoute le noir : dans le jargon des imprimeurs et de l’édition on parle d’impression CMJN. Une fois combinées, ces couleurs permettent de reproduire la quasi-totalité de la gamme chromatique. Elles sont imprimées les unes après les autres sur le papier, il y a donc quatre passages pour une même image. Les couvertures de la seconde série de la collection L'Atlas des voyages (dès 1963) des Editions Rencontre (☞ L'Atlas des voyages) sont, par exemple, imprimées en quadrichromie.

— Chloé Hofmann

Notes

  • 1. Gérard Martin, L’Imprimerie, Paris, Presses universitaires de France, 1998, p. 71.
  • 2. Catherine Laulhere, Thierry Dubus, La Fabrication : les clés des techniques du livre, Paris, Cercle de la Librairie, 2012, p. 93.
  • 3. Gérard Martin, op. cit., p. 100.
  • 4. Ibid., p. 80.

Bibliographie

  • Littérature secondaire
  • LAULHERE Catherine, DUBUS Thierry, La fabrication : les clés des techniques du livre, Paris, Cercle de la Librairie, 2012.
  • MARTIN, Gérard, L’imprimerie, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
  • PIETERS Jacqueline, Fabrication du document imprimé : chiffrer, commander, acheter, contrôler, Paris, Editions Eyrolles, 2006.