Livre photographique et cinéma

Livre de photographie et cinéma

Si le cinéma a certainement pu être perçu par les milieux de l’édition comme une possible concurrence faite à la lecture, il n’en a pas moins lui-même rapidement gagné et nourri le livre, par le biais de sa reproduction photographique tout d’abord. A Lausanne, une vingtaine d’ouvrages illustrés lui sont consacrés entre 1945 et 1975. Ils sont de nature diverse. Certains ont pour programme des présentations générales du domaine cinématographique, qui tendent à conférer au « septième art » un surcroît de respectabilité par cette seule inscription dans le livre. D’autres visent à fixer sur papier un film en particulier : il peut s’agir de prolonger sous forme imprimée un succès du grand écran ou de sortir d’emblée un même titre en film et en album. Certains tournages deviennent ainsi le lieu d’une double prise de vues, animées et fixes, et certains réalisateurs des photographes autant que des cinéastes. C’est le cas pour les documentaires de Walt Disney, pour Bim, le petit âne d’Albert Lamorisse et Jacques Prévert, pour Nomades du soleil d’Henry Brandt ou encore pour Russie portes ouvertes de Dominique Lapierre et Jean-Pierre Pedrazzini. Ces deux derniers titres connaîtront par ailleurs une déclinaison médiatique plus large encore, faite, en plus du film et du livre, d’articles de presse ou de reportages sonores.

Tous ces albums ne se réduisent aucunement à de simples produits dérivés. Non seulement il arrive que le livre sorte avant le film, mais il peut surtout en proposer une forme ressentie par certains comme supérieure à sa version projetée, capable qu’il serait de condenser et de pérenniser – d’aucuns disent « cristalliser » – l’expérience volatile de la projection. Par sa capacité de montage et de séquençage cependant, ainsi que par l’acte même de feuilleter, le livre photographique n’en permettrait pas moins d’animer à son tour ces images immobiles et de retrouver ainsi, dans la concentration de la page imprimée, un peu du dynamisme filmique.