Grande Dixence

Frank Gygli, Grande Dixence, 1961

  • 1. L’orthographe de Grande Dixence varie selon les usages. Alors que le barrage est généralement évoqué par l’expression « Grande-Dixence », les publications de l’époque utilisent souvent la formule sans le trait d’union.

La construction du barrage de la Grande-Dixence1, qui s'étend de 1953 à 1961, fait partie des grands travaux d'après-guerre lancés en Suisse. Situé dans le val d’Hérémence en Valais, le barrage permet à la Confédération helvétique d'affirmer son indépendance en termes de politique énergétique — en accroissant et modernisant sa production — et de dynamiser une région éloignée des centres économiques. Sa réalisation est ainsi le symbole d'un renouveau qui se joue au niveau régional (son édification vient modifier profondément la vallée dans sa topographie et dans un tissu social transformé par l'arrivée massive de travailleurs) et en tant que symbole national, puisque le barrage s'inscrit dans la politique de maîtrise et de valorisation des montagnes propre à la Suisse. Nous pouvons donc qualifier la Grande-Dixence de véritable événement qui prend sens simultanément sur le plan économique, politique et social.

  • 2. « Dans l'œuvre qui se prépare, il y a une grandeur qui rappelle celle des premiers chemins de fer, (...)
  • 3. « Vaut-il la peine de détruire nos villages, de contraindre des populations à une émigration (...)
  • 4. Voir dossiers en ligne, consulté le 1er mai 2013.
  • 5. Claude Goretta, La Grande Dixence, Suisse, 1960.
  • 6. Jean-Luc Godard, Opération Béton, Suisse, 1954.
  • 7. Accessible sur le site de la Médiathèque de Martiny, en ligne, consulté le 1er mai 2013.
  • 8. Maurice Chappaz, Chant de la Grande Dixence, photos Oswald Ruppen, Lausanne, Payot, 1967.

Très tôt, les journaux font apparaître un large consensus autour du projet2, en dépit de quelques réticences3. La construction intéresse également de nombreux cinéastes, qui produisent plus de dix documentaires, pour la plus grande majorité financés par la TSR et réalisés à la fin des travaux, vers 19614, tel le film de Claude Goretta La Grande-Dixence (1960)5, précédés par ailleurs par le premier film de Jean-Luc Godard en 1954, Opération Béton6, et par Construction des barrages de Tseuzier et de la Dixence de Frank Gygli, réalisé entre 1950 et 19557. De même, le sujet suscite l'intérêt d’écrivains, à travers des publications souvent accompagnées d'une collaboration avec un photographe. L'exemple le plus emblématique est ici le livre Le Chant de la Grande-Dixence de Maurice Chappaz avec Oswald Ruppen8.

Les livres de photographie de Frank Gygli

  • 9. Jean-Henry Papilloud (dir.), L’Epopée des barrages : de la Dixence à Cleuson-Dixence, Lausanne, Editions Energie Ouest suisse, 1999, p. 87.
  • 10. Frank Gygli, Grande Dixence, texte F. Gygli et Jean Follonier, Lausanne, Marguerat, 1956.
  • 11. Frank Gygli, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961.
  • 12. Frank Gygli, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, s. d. [1961-1963].
  • 13. Frank Gygli, Barrage de la Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1962. (...)

S’il existe ainsi nombre de films, d’écrits et d’articles de journaux produits durant la construction du barrage, les véritables livres de photographie restent, eux, relativement rares. Font exception les publications du photographe Frank Gygli, qui participe dès le début des travaux à un suivi minutieux des diverses étapes du chantier par le biais de la photographie et du texte. De Gygli (1909-1983), nous savons qu'il s'établit près du barrage, « au Chargeur avec sa famille », où il « tient un petit commerce de souvenirs et de photographies »9. Ce sont les seules informations qui nous soient parvenues, laissant ouverte la question de ses motivations, de son origine sociale ou de sa formation professionnelle. Nous ne connaissons son travail que par les ouvrages qu'il a publiés à la Librairie Marguerat à Lausanne (☞ Les Éditions Marguerat), imprimés aux presses Héliographia et de remarquable facture (☞ Imprimeries lausannoises) : deux livres photographiques et un fascicule aux titres homonymes, Grande Dixence, respectivement édités en 195610, 196111 et vers 1961-196312, ainsi qu’une dernière publication qui diffère par son titre, Barrage de la Grande Dixence, en 1962, mais qui est un condensé de l’édition de 1961, et qui existe en version française et allemande13.

  • 14. Frank Gygli, 1956, op. cit.
  • 15. Nous connaissons deux versions de ce petit livre : une première contient un volet avec les publicités des contributeurs financiers, une seconde en est dépourvue.
  • 16. Frank Gygli, 1961, op. cit.
  • 17. Frank Gygli, s. d. [1961-1963], op. cit.
  • 18. Frank Gygli, 1962, op. cit.

Malgré des titres similaires, chacun de ces ouvrages est très différent et indique un usage distinct. De par son format moyen et son nombre de pages limité (51), la modeste brochure photographique de 195614 peut être considérée comme une première tentative de modélisation et un test de réception du sujet15. Par sa grande taille, son nombre de pages accru (199), l’ampleur de ses informations et la qualité de sa finition (couverture rigide, souplesse du papier, graphisme), le beau-livre de 196116 se positionne, lui, comme le livre de référence pour toutes les éditions. Un fascicule publié vers 196217 était, lui, certainement destiné à une distribution plus populaire au vu de la condensation des informations textuelles et photographiques sur un support à la fois plus petit (21 x 15 cm) et souple, sans même de couverture, sinon une feuille de papier glacé. Enfin, une version hybride entre beau-livre et brochure18, éditée en 1962 sous couverture souple, est constituée d’une sélection de pages de l’ouvrage de 1961 (71 pages considérées comme essentielles en sont reprises) et publiée en deux langues afin d’assurer une diffusion à l’échelle nationale.

Il peut paraître étonnant qu'un événement ayant marqué l’actualité durant plus de huit ans ne suscite la publication que de quelques livres photographiques, sous la responsabilité d’un unique auteur. C’est que la presse est la grande médiatrice du projet à l’époque. Il nous faut donc étudier plus précisément en quoi les livres de photographie que confectionne Frank Gygli répondent malgré tout aux besoins contemporains, en les analysant dans leurs différences, ainsi qu’en relation avec les autres médias – les journaux et, de façon plus marginale, le cinéma.

Le dispositif esthétique des publications de Frank Gygli

Les ouvrages de Gygli établissent une cartographie de l’édification du barrage par la description des modifications successives de la topographie (fig. 1), ainsi que des moyens humains et matériels déployés (machines, galeries, etc.) (fig. 2). Un texte principalement technique, rédigé en collaboration avec un ingénieur de la Grande-Dixence, est disposé en parallèle aux photographies, ne donnant aucun primat de l’un sur l’autre. Tous deux contribuent à une esthétisation des montagnes et du barrage (fig. 3) en célébrant la nature à l’aune d’une modernité incarnée par la technologie. Dans le grand livre de 1961, il arrive que des objets technologiques telle la longue vue nous projettent dans la vision même qu'a l'ingénieur du paysage — une vision qui se situe en contrechamp de la montagne, placée sur la page adjacente, comme si la lunette prenait ici le relais de l'appareil photographique (fig. 4).

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 26.

Fig. 1, Grande Dixence, 1961, p. 26.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 70-71.

Fig. 2, Grande Dixence, 1961, p. 70-71.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 44-45.

Fig. 3, Grande Dixence, 1961, p. 44-45.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 32-33.

Fig. 4, Grande Dixence, 1961, p. 32-33.

  • 19. La fascination que la technique semble exercer sur Frank Gygli se dévoile aussi dans son film. Il s’y intéresse avant tout aux machines (de transport, de construction, etc.) et à leurs déplacements dans la vallée, ce qui lui permet d’organiser et rythmer le montage par leurs circulations entre les plans.

Corollairement, les ouvriers sont eux aussi présentés comme conditions de la construction du barrage. Là encore, le processus prend toute son ampleur dans l’édition de 1961. Alors que dans son évocation des ouvriers, la brochure de 1956 se permet d’intégrer des images de vie n’évoquant pas directement le barrage (fig. 5), l’ouvrage de 1961 est toujours centré sur l'économie attenant à sa construction. Les photographies d’êtres humains sont couramment accompagnées d’autres vues rappelant le thème central du livre à travers un paysage de montagne, une machine, un instrument ou le barrage lui-même (fig. 6, 7). Les seules scènes et seuls portraits saisis en dehors des grands travaux sont rassemblés sous forme de mosaïques, telle une grande famille (fig. 8). Il en résulte un aplanissement des différences sociales (la main-d'œuvre ouvrière semble l'égale de l'ingénieur), ce qui souligne que les hommes sont ici réunis par un unique projet commun. Le dispositif esthétique créé par la mise en page traduit par ailleurs, tout comme le barrage lui-même, la concomitance d’une trame technicienne et du sublime des montagnes (voir fig. 1)19.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Jean Follonier, Lausanne, Marguerat, 1956, p. 46-47.

Fig. 5, Grande Dixence, 1956, p. 46-47.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 72-73.

Fig. 6, Grande Dixence, 1961, p. 72-73.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 166-167.

Fig. 7, Grande Dixence, 1961, p. 166-167.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961, p. 128-129.

Fig. 8, Grande Dixence, 1961, p. 128-129.

  • 20. Frank Gygli, 1956, op. cit., p. 1.
  • 21. Frank Gygli, 1961, op. cit., p. 5 (nous soulignons). L’expression « vue par… » est communément utilisée à l’époque pour nommer les photographes dans les journaux.

Si les intentions du photographe peuvent paraître claires, il n’est, en revanche, pas évident de déterminer comment lui-même considérait ses publications : ouvrages techniques, albums photographiques, beaux-livres ? Les crédits différent d’une version à l’autre : alors qu’en 1956, la référence à l’auteur est signifiée par « conception et photos de Frank Gygli20 », en 1961, la page de titre précise « Grande Dixence vue par Frank Gygli »21. Le changement introduit une dimension plus subjective, tout comme il insiste plus fortement sur l’importance de l’aspect visuel et du traitement autorial.

Le phénomène médiatique

  • 22. Le terme « photoreporter » peut paraître mal convenir, tant les photographies de Frank Gygli relèvent moins d'une volonté d'établir une actualité des faits que de créer une forme d'archives sur la construction du barrage. (...)
  • 23. Voir, par exemple, E.G. Choisy, J.P. Thévoz, J.-P. Macdonald, « La Grande Dixence », La Nouvelle Revue de Lausanne, numéro spécial Grande Dixence, 27 juin 1955 ; (...)
  • 24. La première publication de 1956 est pour partie financée par des contributeurs qui ne sont autres que les entreprises qui participent à la construction du barrage. (...)
  • 25. Nous pouvons néanmoins observer un changement à partir des années 1960, où l’on commence à questionner les conditions de vies des ouvriers. Voir par exemple : J.-P. MacDonald, « La part de l’homme », La Nouvelle Revue de Lausanne, numéro spécial Grande Dixence, Lausanne, 1961.
  • 26. Jean-Luc Godard, Opération Béton, Suisse, 1954.
  • 27. Claude Goretta, La Grande Dixence, Suisse, 1960.

L’activité de « photoreporter »22 pour la presse occupe également une place importante dans la pratique professionnelle de Gygli. Vu le nombre d’articles auquel il contribue en tant que photographe23, elle constitue certainement une ressource non négligeable24. Son travail s’intègre particulièrement bien à la production journalistique de la période, empreinte d’une même fibre technophile. Même si les clichés qu’il utilise dans les journaux ne diffèrent globalement pas de ceux présents dans ses propres publications (fig. 9, 10), ils ne s’y s’inscrivent cependant pas dans le même type de discours. Alors qu’il y a liaison entre texte et images dans ses livres, dans les articles, la photographie se soumet à l’écrit, y endossant plus un rôle d’illustration que de documentation. Les choix éditoriaux des journaux visent surtout à renforcer les éléments de preuve et la valorisation de la construction du barrage, et par là même se détournent des vues qui ne s’intègrent pas directement à l’iconographie du barrage, éliminant notamment les paysages ou les portraits25. La production filmique ne se révèle ici pas si différente, car dans l’ensemble il s’agit de célébrer l’avènement du barrage en illustrant le complexe technique de la Grande-Dixence, à tel point qu'il est difficile de distinguer pour certains films— particulièrement Opération Béton26 de Jean-Luc Godard — s'il s'agit de propagande ou d'ironie. Seule la réalisation de Claude Goretta articule clairement documentation des techniques élaborées pour la construction du barrage et critique sociale27.

Grande Dixence, photo Frank Gygli, texte F. Gygli et Jean Follonier, Lausanne, Marguerat, 1956, p. 16-17.

Fig. 9, Grande Dixence, 1956, p. 16-17.

Jean-Marie Vodoz, « Description d’un monde général », photo Frank Gygli, Gazette de Lausanne, 26 octobre 1956, p. 14 (détail).

Fig. 10, Gazette de Lausanne, p. 14 (détail).

La représentation médiatique de la Grande-Dixence vise à asseoir la valeur d’un tel projet et à construire un emblème national qui confère à la Suisse un rang de pays pionnier en matière de grands travaux. En assimilant célébration des montagnes et description du barrage, Gygli donne forme au désir omniprésent de naturaliser l’impact de l’homme sur la topographie – le barrage au cœur de la montagne – tout en humanisant la nature par la modernité électrisée – la montagne comme force naturelle domestiquée par les ouvrages des hommes. Il opère une synthèse entre progrès technique et nature, dans laquelle l’homme ne semble que contribuer au grand projet d’une nature bonifiée par lui ou d’une humanité réconciliée à cette même nature.

— Tristan Lavoyer

Notes

  • 1. L’orthographe de Grande Dixence varie selon les usages. Alors que le barrage est généralement évoqué par l’expression « Grande-Dixence », les publications de l’époque utilisent souvent la formule sans le trait d’union.
  • 2. « Dans l'œuvre qui se prépare, il y a une grandeur qui rappelle celle des premiers chemins de fer, dans les hommes qui l'animent vit une audace contenue semblable à celle des constructeurs de tunnels, dans l'esprit de collaboration que manifestent des forces venues de toute la Suisse, on retrouve la volonté d'union qui fit la force de notre pays pendant la guerre. Cette création nous apporte, au milieu de notre train-train journalier, un élan qui nous soutient et nous entraîne. Au moment où ses promoteurs se dépensent sans compter contre les obstacles inhérents à toute grande œuvre, il faut souhaiter que notre terre romande sache répondre à leur initiative avec compréhension et reconnaissance. » (F. Bugnion, « La Grande Dixence », La Gazette de Lausanne, 10 avril 1948, p. 3).
  • 3. « Vaut-il la peine de détruire nos villages, de contraindre des populations à une émigration qui les atteindra dans leurs sentiments les plus profonds, pour obtenir des milliards de kilowattheures à quelques centimes meilleur marché ? D'autant plus que toute cette énergie, nous l'avons déjà remarqué, ne sera disponible que dans plusieurs années et qu'une grande partie ne sera pas même utilisée pour nos besoins nationaux, mais exportée... Or, dans la dernière année qui précéda la guerre, l'exportation de courant absorba 22% de la production, mais ne produisit que 10% des recettes de notre industrie électrique. » ([Non signé], « La politique de la force », Journal de Genève, 10 juin 1942, p. 7).
  • 4. Voir dossiers en ligne, consulté le 1er mai 2013.
  • 5. Jean Claude Goretta, La Grande Dixence, Suisse, 1960.
  • 6. Jean-Luc Godard, Opération Béton, Suisse, 1954.
  • 7. Accessible sur le site de la Médiathèque du Valais – Martiny, en ligne, consulté le 1er mai 2013.
  • 8. Maurice Chappaz, Chant de la Grande Dixence, photos Oswald Ruppen, Lausanne, Payot, 1967.
  • 9. Jean-Henry Papilloud (dir.), L’Epopée des barrages : de la Dixence à Cleuson-Dixence, Lausanne, Editions Energie Ouest suisse, 1999, p. 87.
  • 10. Frank Gygli, Grande Dixence, texte F. Gygli et Jean Follonier, Lausanne, Marguerat, 1956.
  • 11. Frank Gygli, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1961.
  • 12. Frank Gygli, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, s. d. [1961-1963].
  • 13. Frank Gygli, Barrage de la Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, 1962. Il existe certainement bien d’autres imprimés encore. C’est ainsi que des photographies de Frank Gygli, qui ne s'apparentent à aucune publication que nous connaissons, ont été découpées et collées dans la thèse d’un médecin en 1958 : Jean Morier-Genoud, Les Accidents à la Grande Dixence, Lausanne, thèse en médecine, 1958, p. 3-7, 9.
    Nous remercions Grande Dixence S.A. à Sion d’avoir mis à notre disposition les publications absentes des collections de la BCU Lausanne.
  • 14. Frank Gygli, 1956, op. cit.
  • 15. Nous connaissons deux versions de ce petit livre : une première contient un volet avec les publicités des contributeurs financiers, une seconde en est dépourvue.
  • 16. Frank Gygli, 1961, op. cit.
  • 17. Frank Gygli, s. d. [1961-1963], op. cit.
  • 18. Frank Gygli, 1962, op. cit.
  • 19. La fascination que la technique semble exercer sur Frank Gygli se dévoile aussi dans son film. Il s’y intéresse avant tout aux machines (de transport, de construction, etc.) et à leurs déplacements dans la vallée, ce qui lui permet d’organiser et rythmer le montage par leurs circulations entre les plans.
  • 20. Frank Gygli, 1956, op. cit., p. 1.
  • 21. Frank Gygli, 1961, op. cit., p. 5 (nous soulignons). L’expression « vue par… » est communément utilisée à l’époque pour nommer les photographes dans les journaux.
  • 22. Le terme « photoreporter » peut paraître mal convenir, tant les photographies de Frank Gygli relèvent moins d'une volonté d'établir une actualité des faits que de créer une forme d'archives sur la construction du barrage. Néanmoins, ce terme apparaît plusieurs fois pour le désigner et souligne d’autant plus l’ancrage de son travail dans le journalisme. Voir, par exemple, l’encart sur Frank Gygli dans Le Confédéré, vendredi 13 mars 1959 : « Nous rappelons la séance de projection de clichés de couleur que donnera M. Frank Gygli, photo-reporter, dimanche soir, à 20 heures, à l’Ecole. Sujet : nos barrages, l’homme et la technique. Entrée libre. »
  • 23. Voir, par exemple, E.G. Choisy, J.P. Thévoz, J.-P. Macdonald, « La Grande Dixence », La Nouvelle Revue de Lausanne, numéro spécial Grande Dixence, 27 juin 1955 ; Jean-Marie Vodoz, « Description générale … d’un monde provisoire », Gazette de Lausanne, 26 octobre 1956, p. 14-15 ; Jean Follonier, « La Grande Dixence », Gazette de Lausanne, 18 août 1956, p. 7 et 9 ; « La dernière benne de béton à la Grande-Dixence », Journal de Genève, 23 septembre 1961, p. 21.
  • 24. La première publication de 1956 est pour partie financée par des contributeurs qui ne sont autres que les entreprises qui participent à la construction du barrage. Dans une autre version du même ouvrage, les contributeurs sont présents sous forme de publicités en fin de volume. Pour les autres publications, la part des entreprises dans le financement n’est pas spécifiée, mais elle est probable, car toutes sont répertoriées à la fin du livre. De plus, dans l’ouvrage de 1961, des remerciements sont destinés aux principales firmes impliquées dans la construction du barrage. Voir Frank Gygli, 1961, op. cit., p. 8.
  • 25. Nous pouvons néanmoins observer un changement à partir des années 1960, où l’on commence à questionner les conditions de vies des ouvriers. Voir par exemple : J.-P. MacDonald, « La part de l’homme », La Nouvelle Revue de Lausanne, numéro spécial Grande Dixence, Lausanne, 1961.
  • 26. Jean-Luc Godard, Opération Béton, Suisse, 1954.
  • 27. Claude Goretta, La Grande Dixence, Suisse, 1960.

Bibliographie

  • Sources (par ordre chronologique)
  • GYGLI, Frank, Grande Dixence, texte F. Gygli et Jean Follonier, Lausanne, Marguerat, imprimeur Héliographia, 1956.
  • MORIER-GENOUD, Jean, Les Accidents à la Grande Dixence, Lausanne, thèse en médecine, 1958.
  • GYGLI, Frank, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, imprimeur Héliographia, 1961.
  • GYGLI, Frank, Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, imprimeur Héliographia, s. d. [1961-1963].
  • GYGLI, Frank, Barrage de la Grande Dixence, texte en collaboration avec Georges Bolomey, Lausanne, Marguerat, imprimeur Héliographia, 1962.
  • Littérature secondaire
  • LOGEAN, Elisabeth, « Du berger au mineur : la construction du barrage de la Grande Dixence (1951-1962), entre paix sociale et crise d'identité », Les Cahiers de l’histoire locale, n° 13, 2000.
  • PAPILLOUD, Jean-Henry (dir.), L’Epopée des barrages : de la Dixence à Cleuson-Dixence, Lausanne, Editions Energie Ouest suisse, 1999.