Pascaline Knight (Montréal)

Pascaline Knight (Montréal)

Grammaire blanche

Je m’intéresse à la voix et à l’énonciation comme un espace pratiqué. Le texte de Claudine Gaetzi, son titre, ainsi que son contenu, m’ont interpellée dès la première lecture.

Lors de ma résidence ce printemps au Centre Banff (Alberta, Canada) j’ai enregistré la lecture de Grammaire blanche à voix haute. De cette lecture a découlé la conception du texte en une ligne en boucle. J’ai, en un premier temps, imprimé le texte tel qu’il m’a été envoyé, sur 19 feuilles de format « lettre » soit 21,6 × 27,9 cm. Puis, je l’ai découpé et j’ai circonscrit l’espace de mon atelier en une seule ligne de texte faisant deux fois et demie le tour de celui-ci. La lecture de cette ligne textuelle demandait un engagement physique aux lecteurs et lectrices qui devaient se déplacer au fil du texte.

Cette installation a donné lieu à la conception de la maquette proposée. Une ligne de texte recto-verso déployée comme un livre qui se dévoile en cycles et en plis et qui remet en question l’approche linéaire et binaire du temps et du langage. Sa structure accordéon fait appel à l’aspect sibyllin, cyclique du temps qui se superpose : un temps plus oriental et féminin, différé, comme cet espace-temps dont parle Jacques Derrida dans son essai Différance. Présenté au sol ou sur une longue surface, ce livre « ouvert » autour duquel on peut se déplacer, devient une installation, une boucle, une lecture, qui se retourne sur elle-même. Idéalement lors de l’installation il y aura un casque d’écoute avec la voix de Grammaire blanche en boucle.

Note pour la production

Le projet final, de format 27 m par 2,5 cm sera imprimé en sérigraphie et en risographie à l’encre rouge sur du papier de riz à 72 exemplaires, pliés par la relieuse Eve Breton-Roy à l’Anse Saint-Jean.

 

 

Pascaline Knight