- Tobie : Tant plus tels gentillâtres sont à dépriser, et tant plus les vrais gentilshommes sont dignes de louange, qui par leur vertu augmentent encore davantage la noblesse qu'ils ont reçue de leurs parents et prédécesseurs.
- Jérôme : Tant s'en faut que ceux-ci méprisent les hommes vertueux qui sont de bas état quant au monde, qu'au contraire ils les honorent et leur tendent la main pour les avancer en offices et honneurs à cause de leur vertu qui est la mère de toute vraie noblesse. Par quoi il n'y a personne qui plus déshonore toute vraie noblesse que ceux qui méprisent vertu, en qui que ce soit : comme aussi il n'y a nul qui plus honore noblesse que ceux qui honorent vertu. Pour cette cause tant plus est l'homme vertueux, et tant plus il est noble. Et tant plus il est noble, et tant plus il est humble et modeste.
- Tobie : Puis qu'ainsi est, nous ne pouvons donc tenir à bon droit pour nobles et vrais gentilshommes un tas de glorieux et d'orgueilleux qui ont en dédain non seulement les pauvres simples gens et rudes paysans, mais aussi les plus vertueux, et non pour autre cause sinon parce que tels personnages ne sont de si grosse et noble maison et de telle étoffe qu'eux sont selon le monde.

Tiré de : Le monde à l'empire (Genève : Jacques Berthet, 1561, p. 165-166)