- Tobie : Il est certain qu'il y en a plusieurs qui dépensent en un seul banquet cela de quoi ils pourraient vivre fort longtemps avec toute leur famille.
- Jérôme : Il y en a qui en font, et principalement en leurs noces, qui souvent leur coûtent plus qu'ils n'ont de douaire de leurs femmes.
- Tobie : Il y en a aussi plusieurs qui sont contraints de jeûner ensuite, et de faire jeûner leurs femmes et leurs enfants, et toute leur famille.
- Jérôme : Quand il n'y aurait autre mal, sinon qu'on fait jeûner aux pauvres cela qui est dépensé outre mesure, la faute n'y est pas petite.
- Tobie : Il est tout certain qu'on nourrirait longtemps beaucoup de pauvres, qu'on laisse mourir de faim et de nécessité, de la dépense excessive qui se fait tous les jours entre les hommes.
- Jérôme : Si seulement on savait épargner cela qui est tout les jours dépensé sans raison, il y aurait trop plus de biens qu'il n'en faudrait pour nourrir et entretenir tous les pauvres qui peuvent être en tous pays. Mais cela nous advient journellement, [ce] que saint Paul a reproché aux Corinthiens (I. Cor. II) : Les uns crèvent de manger et sont ivres, et les autres meurent de faim et de soif.

Tiré de : Le monde à l'empire (Genève : Jacques Berthet, 1561, p. 102)