De la différence qui est entre les superstitions et idolâtries

De la différence qui est entre les superstitions et idolatries des anciens gentilz et payens, et les erreurs et abus qui sont entre ceux qui s’appellent chrestiens, et de la vraye maniere d’honnorer Dieu, la Vierge Marie, et les Sainctz
[Genève : Jean Girard], 1542, 464 p.

ZB Zürich (D 356)

Second ouvrage de Viret, d’une ampleur sans commune mesure avec le premier. Dans une démarche polémique reposant sur une approche partisane d’histoire comparée des religions, Viret dénonce les rites de l’Eglise catholique comme issus directement des rites païens de l’Antiquité. Le pasteur de Lausanne attaque « l’idolâtrie », les « superstitions » et surtout « l’avarice » des « papistes », qui trompent la population. Dans les dernières pages de l’ouvrage, il critique également les « faux réformés », c’est-à-dire les protestants qui ne seraient passés à la Réforme que pour jouir d’une plus grande liberté et abandonner les prescriptions du catholicisme telles que le jeûne. Sans les nommer explicitement, Viret vise également les autorités civiles protestantes, en particulier les Bernois, prompts à s’attribuer les biens de l’ancienne Eglise catholique mais plus lents à faire respecter la « vraie religion » sur leur territoire.
De la différence a été censuré par la Sorbonne en 1544 et mis à l’index à Rome en 1559, de concert avec l’ensemble des œuvres de Pierre Viret.

Extrait

Nous montrons et prouvons bien par l’Écriture sainte qu’il ne faut adorer ni invoquer qu’un seul Dieu, qu’il ne faut point avoir image de quelque forme que ce soit pour lui faire honneur quel qui soit, soit inclination, réverence, encensement, ou autre chose semblable ; qu’il n’y a purgatoire que la Foi, par le sang de Jésus Christ, ni sacrifice autre, pour la rédemption de nos âmes et la rémission de nos péchés que sa mort et passion ; qu’il n’y a autre vrai avocat et médiateur que lui. Et néantmoins, combien que nous ayons en cela l’Écriture plus claire que le soleil n’est en plein midi, si ne laissent-ils pas de soutenir et défendre qu’il faut prier et invoquer les Saints, les prendre pour patrons et avocats, qu’il faut honnorer les images et reliques, acheter des pardons, faire chanter pour les vifs et les morts, et plusieurs autres choses semblables autant contraires à la parole de Dieu que le feu et l’eau, la mort et la vie. Mais ils ont incontinent trouvé leurs distinctions et gloses pour faire accroire qu’un agneau est un loup, que Satan est un Ange, que le miel est fiel, que le pain est chair, le vin est sang, que l’idole n’est pas idole, que le diable n’est pas diable. (f. D3)

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