Dialogue du désordre

Dialogues du désordre qui est à présent au monde, et des causes d’iceluy, et du moyen pour y remédier
Genève, Jean Girard, 1545, 1010 p.

BCU Lausanne (AA 184 et TG 172 A)

Dans les trois premières parties des Dialogues du désordre qui est à présent au monde, Viret pose un sombre constat : le monde est totalement corrompu et va toujours en empirant. La cupidité des hommes et la corruption de l’Eglise catholique seraient les causes principales de cette situation. Toutefois, dans la quatrième et dernière partie de l’ouvrage, Viret propose un remède pour guérir le monde de sa folie : il faut que les hommes suivent la « vraie réformation évangélique ». Mais la société ne pourra s’améliorer que si l’éducation des enfants est prise au sérieux par les adultes, tant par les hommes d’Etat que par les parents, et si la nouvelle génération peut être formée tant en « lettres humaines » (disciplines qui seront appelées par la suite « les humanités ») qu’en « lettres divines », c’est-à-dire en théologie. L’éducation est par conséquent le sujet central de la dernière partie des Dialogues du désordre.
Viret continuera de travailler à cet ouvrage durant les décennies suivantes : les deux livres intitulés La métamorphose chrestienne et Le monde à l’empire, publiés en 1561, correspondent à des parties des Dialogues du désordre augmentées par l’auteur au point de former des ouvrages indépendants.
Le Dialogue du désordre a été censuré par la Sorbonne en 1547 et mis à l’index à Rome en 1559, de concert avec l’ensemble des œuvres de Pierre Viret.

Extrait

Mais il fallait que cette Eglise charnelle eût son empire et qu’elle y allât aussi bien que les autres royaumes mondains, puis qu’elle les a mieux aimé suivre, qu’elle les a eu en plus grande admiration que le Royaume de Jésus Christ. Comme il appert manifestement, par la réponse qu’un Cardinal fit à un Roi, qui le reprenait de l’orgueil et de la pompe et corruption qui était entre les prélats de l’Eglise et lui alléguait l’exemple des anciens Prophètes, Apôtres et Évêques, et leur simplicité, auquel il répondit : « Sire, cela était du temps que les Rois gardaient les chèvres. » Voulant par la remontrer au Roi, que leur état était aussi fort changé et différent aux Rois anciens. Parquoy eux pouvaient aussi bien laisser les mœurs de leurs prédécesseurs que les Rois et Princes des leurs. Puis donc que cette Eglise terrienne a voulu ici régner en terre, et changer le Royaume spirituel et célestiel, à un Royaume terrien et charnel, il était bien force que l’un des Royaumes nuisît à l’autre, puis qu’ils sont de nature tant contraire : et que le Royaume spirituel diminuât quand le charnel commencerait à croître et à s’augmenter, et qu’il défaillît et décrût en dons et richesses célestes, quand il voudrait croître en biens terriens et multiplier en richesses mondaines. Puis qu’il a voulu être d’or par dehors, il a fallu que le dedans ait été converti en fer. (p. 55-56)

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