Instruction chrestienne

Instruction chrestienne en la doctrine de la Loy et de l’Evangile, et en la vraye philosophie et théologie tant naturelle que supernaturelle des Chrestiens, et en la contemplation du temple et des images et œuvres de la Providence de Dieu en tout l’Univers, et en l’histoire de la création et cheute et réparation du genre humain
Genève, Jean Rivery, 1564, 2 volumes

BCU Lausanne (2U 462) et ZB Zurich (D 28, exemplaire numérisé)

Annoncé en trois volumes, l’ouvrage n’a pas été poursuivi au-delà de la seconde partie.

L’Instruction chrestienne de Viret offre une vaste exposition des trois textes fondamentaux du christianisme : le Décalogue, le Symbole des Apôtres et la prière du Notre Père. Au-delà de ces textes, c’est l’ensemble de la doctrine chrétienne que Viret veut exposer aux lecteurs. En effet, selon le réformateur, ces trois textes fondamentaux, s’ils sont bien compris, suffisent pour connaître tout ce qui est nécessaire pour vivre en bon chrétien et pour réfuter les « fausses doctrines », notamment catholiques. Preuve de l’attachement de Viret pour le dialogue, l’auteur conserve cette forme didactique où il excelle, même pour un ouvrage aussi ample que l’Instruction chrétienne (qui compte plus 1’500 pages in-folio). Viret met en scène les questions de Timothée (l’élève) et les réponses de Daniel (le maître). Avec l’Instruction chrestienne, Viret a composé un catéchisme total, une sorte d’équivalent français au Grand catéchisme de Luther, auquel il ajoute en ouverture trois catéchismes plus synthétiques, de respectivement 12, 7 et 66 pages, qui permettent de présenter brièvement les bases de la religion expliquées plus amplement dans le reste de l’ouvrage. Le troisième tome de l’Instruction chrestienne, annoncé par Viret, ne semble jamais avoir vu le jour, même si l’ouvrage intitulé De la Providence divine, publié à Lyon en 1565, traite en partie de la matière prévue dans le dernier volume de l’Instruction chrestienne. Au travers de ce texte, Viret aborde des sujets aussi variés que la sorcellerie, le libre arbitre ou encore l’esclavage.

Extrait

– Daniel : Le plus grand larcin et le plus intolérable qui se puisse faire en cet endroit, c’est quand on dérobe les personnes mêmes. Car celui qui commet tel larcin, pèche contre la nature commune des hommes et s’en déclare ennemi ; et s’il faut estimer le larcin selon la valeur de la chose dérobée, il n’en peut point faire de plus grand. Car il n’y a rien sous le ciel qui vaille tant qu’un homme. Pour cette cause, Dieu a baillé sentence de mort contre tels larrons, disant, : « Celui qui aura dérobé un homme et l’aura vendu, et sera trouvé entre ses mains, il mourra de mort. » (Exod. 21, Deut. 24). […]
– Timothée : Expose-moi ces choses un petit plus clairement, et me dis pour le premier, comme tu entends ce larcin des personnes.
– Daniel : Cestui se peut faire derechef en diverses sortes. La première, c’est quand on prend une personne, comme Joseph fut pris par ses frères, et vendu aux Ismaélites. Cette manière de larcin est maintenant plus commune là où la servitude du temps passé a encore lieu, et là où on fait marchandise des hommes comme des bêtes, à l’occasion d’icelle : comme entre les Turcs et les Maures, et ceux qui trafiquent avec eux et qui suivent leurs façons de faire : comme aucuns Espagnols et Italiens.
– Timothée : Grâces à Dieu, les Chrétiens sont délivrés de ce danger, quant à cet endroit, si ce n’est entre ceux desquels tu as maintenant parlé, qui suivent en tel cas les manières de faire des Turcs, ou des Anciens Païens.
(t. 1, p. 581)

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