Le monde à l’empire et le monde démoniaque

Le monde à l’empire et le monde démoniacle, fait par dialogues
Genève, Jacques Berthet (ou Jacques Brès), 1561, 373 p.
BCU Lausanne (1U 460) et BGE Genève (Bc 876, exemplaire numérisé)

Edition augmentée (544 p.) parue la même année
BCU Lausanne (TG 175 A) et BGE Genève (Bc 2793) [Brès]

Publié après le bannissement de Pierre Viret du territoire bernois, Le monde à l’empire et le monde démoniacle critique sévèrement les autorités civiles ne faisant pas leur devoir de magistrat chrétien. Le thème général de la dégénérescence progressive des civilisations anciennes, en particulier celle de l’Empire romain, et de l’Eglise catholique sert de mise en garde aux républiques et aux royaumes actuels : s’ils ne modifient pas radicalement les comportements aussi bien des sujets que des autorités, ces états courent à leur perte. Les autorités civiles bernoises, sans être nommées explicitement, sont désignées comme des « diables blancs », plus dangereux encore que les « diables noirs » de l’Eglise catholique, parce qu’ils se déguisent en anges de lumière et font semblant d’être des bons protestants, alors qu’ils sont poussés par l’attrait de l’argent et du pouvoir.

Extrait

– Théophraste : Sur quoi je te demande, qui verrait un homme qui se déchirât le visage, qui se crevât les yeux, qui se coupât le nez et les oreilles, qui se rompît la tête contre une muraille, et qui mît un glaive en son gosier pour se couper la gorge, qui le jugerait être de sens rassis ?
– Tobie : Mais qui ne le jugerait être hors du sens et enragé ?
– Théophraste : Toutefois, si nous contemplons le train qui est maintenant au monde, qui ne jugera à bon droit, qu’il est tel qu’un tel homme que j’ai décrit ? Car puis que nous sommes tous un corps, celui qui tâche de nuire à son prochain et à le détruire, ne met-il pas la main sur soi-même ? Ne déforme-t-il pas son propre corps ? Et comme un homme furieux et enragé, ne déchire-t-il pas ses propres membres, pour se défaire soi-même ?
– Tobie : Etes-vous donc si ébahis, si je me plains, et si je suis tellement troublé en mon cerveau que je ne sais où j’en suis. Je vois que de vérité, de droiture, de justice et d’équité, il n’en faut point chercher sur la terre. » (p. 222)

LE monde

Cliquer sur l'image pour parcourir le volume
Retour en haut de la page

Les commentaires sont fermés.