La métamorphose chrestienne

La métamorphose chrestienne, faite par dialogues
Genève, Jacques Brès, 1561, 558 p.
BCU Lausanne (1U 466) et BGE Genève (Bc 3096, exemplaire numérisé)

Dans La métamorphose chrestienne, les humains sont envoyés à l’« école des animaux ». Cherchant à savoir ce qui distingue l’être humain des animaux, les protagonistes de ce dialogue se rendent compte que, dans presque tous les domaines, les animaux sont supérieurs aux êtres humains. Que ce soit dans le domaine de l’architecture, de l’organisation sociale ou de leur capacité à prévoir les conditions météorologiques ou de trouver les bons médicaments dans la nature, les animaux peuvent donner des leçons aux hommes. Au final, selon Viret, seules la religion et l’âme immortelle permettent de placer l’homme au-dessus des animaux. L’homme se doit donc de cultiver son âme, la partie « céleste » qui est en lui.

Extrait

Il reste encore à noter que puisque l’Homme, quant au corps, est composé de terre et de ces éléments corruptibles et de la même matière de laquelle ceux des bêtes sont composés, il communique quand à ce point avec les bêtes. De l’autre part, en tant qu’il a reçu de Dieu son âme, fait à l’image et semblance d’icelui, participante de la nature divine, il approche de la nature angélique, et tient de la nature céleste, tellement que l’homme est comme une composition faite de la terre et du ciel, en laquelle le ciel est comme conjoint avec la terre et tient le milieu entre les Anges et les bêtes. Or, d’autant que le ciel est plus excellent et plus noble que la terre et la nature angélique plus excellente que la nature brutale, d’autant plus l’homme doit travailler et s’efforcer d’entretenir et d’augmenter cette partie céleste en soi, et de transformer la partie terrestre en céleste, afin qu’il soit homme célestiel, plutôt que laisser abâtardir la nature céleste en terrestre, et l’angélique en brutale. Car pour cette cause Dieu l’a créé à immortalité, et a imprimé son image en lui, pour l’exprimer et la faire reluire en celle image terrestre. Si l’homme fût donc demeuré en son entier, et s’il se fût entretenu en l’état auquel Dieu l’avait mis, il n’y a point de doute qu’il n’eût été comme un Ange, tel que nous serons en la résurrection, et comme un petit Dieu, couronné d’honneur et de gloire. Mais incontinent qu’il a mis en oubli par son ingratitude les bénéfices qu’il avoit reçus de Dieu, et qu’il s’est détourné du commandement d’icelui, sans lequel il ne pouvait persévérer en l’état auquel Dieu l’avait colloqué, et qu’il a plutôt suivi le conseil du diable que celui de Dieu son créateur, il a commencé à forligner de sa noblesse, et à se difformer et effacer l’image de Dieu imprimée en soi, et la changer en celle du diable. (p. 112-113)

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