Cette édition, proposée au public en souscription dès novembre 1769 par François Grasset et ses associés, a paru intégralement à Lausanne, bien que seuls les tomes 14 à 21, contenant le Théâtre, avouent leur origine réelle. En 1772, elle occupait à elle seule quatre presses (lettre de Grasset à la STN du 27 août). Pour l’essentiel, elle est basée sur le texte de l’édition in-4° publiée à Genève par les Cramer dès 1768. En dépit des dénégations apportées par Voltaire, les éditeurs lausannois ont toutefois bénéficié, pour cette publication, d’un certain nombre de notes et augmentations de l’auteur. Certaines pièces de théâtre, par exemple Le Dépositaire ou Les Pélopides, semblent même avoir paru en édition originale dans cette collection ; d’autres ont bénéficié de notes et corrections inédites (v. les avertissements et préfaces placés en tête des t. 13 et 14). 

Prévue en 36 volumes, la collection en a compté finalement 57. Après la parution du 36e volume, en 1773, la société François Grasset et Compagnie a été dissoute, et Jules Henri Pott a été chargé par les  anciens associés de Grasset de la gestion des volumes publiés. François Grasset a poursuivi pour son propre compte la publication des ouvrages non encore imprimés ; à  la souscription initiale, est venue s’en ajouter une seconde portant sur la suite des Œuvres, proposée par Grasset en avril 1773 (lettre circulaire à la STN). Grasset écrit à G. E. de Haller à ce propos, le 30 septembre 1773 :

« La livraison du Voltaire n’est pas encore prête ; l’auteur nous retarde par les augmentations qu’il fait à ses ouvrages et il ne convient pas de rien précipiter, et encore moins d’imprimer sur des anciennes éditions, ce ne seroit plus une édition complette de tous ses ouvrages telle que nous l’avons promis ; malheureusement on ne fait pas travailler Mr. de Voltaire quand et comme l’on veut. »

La publication a repris en 1774, avant qu'elle ne soit interrompue par l'interdiction prononcée par les autorités bernoises d'imprimer la suite des Questions sur l'Encyclopédie dont les trois premiers tomes avaient paru (tomes 40-42) avaient paru ; les tomes 4 à 8 volumes, une fois l'obstacle de la censure levé, ont été publiés en 1776 (tomes 43-48) ; tous ces volumes sont sortis des presses de Tarin, comme les précédents. Les derniers tomes (49-57) n'ont paru qu'en 1780 et 1781, imprimés principalement par Isaac Hignou avec le concours du frère cadet de l'éditeur, Gabriel Grasset (t. 51-53), actif à Genève, et, ponctuellement, de Tarin (t. 52).

Arrivé avec le tome 57 au terme de la copie dont il disposait, Grasset se proposait d’envoyer aux souscripteurs au fur et à mesure de leur publication, les matériaux inédits que Beaumarchais se proposait d’éditer sous l’adresse de Kehl (lettre circulaire à la STN du 6 février 1781). Cette promesse n’a à notre connaissance pas été tenue.

L’appréhension de cette édition est rendue compliquée par les nombreux retirages, réémissions et réimpressions qu’ont connu une bonne partie des volumes qui la constituent :
- une partie des titres figurant dans les 36 premiers volumes ont été diffusés séparément par Grasset (t. 11, Histoire de Charles XII de Suède, t. 12, Histoire de l’Empire de Russie, t. 13, La Henriade, t. 14 à 21, Théâtre complet, t. 24 à 25, Romans ou contes philosophiques), t. 36 (Histoire du Parlement de Paris)
- les exemplaires aux mains des anciens associés de Grasset des tomes 7 à 10 (Siècle de Louis XIV et Siècle de Louis XV), 11 (Histoire de Charles XII de Suède), 12 (Histoire de l’Empire de Russie), 22-23 (Mélanges de poésies et de pièces fugitives de divers genres en vers), 26-31 (Mélanges de philosophie, de morale et de politique) et 32-35 (Mélanges  de littérature) ont été remis dans le commerce individuellement avec de nouveaux titres en 1777 et 1778 à l’adresse de Jules-Henri Pott, exceptés les volumes de Mélanges, parus sous l’adresse fictive de Londres.
- le même libraire, probablement dans le but de compléter ses exemplaires des 36 premiers tomes, a fait réimprimer en 1779 une partie des volumes publiés dans le cadre de la seconde souscription lancée par François Grasset en 1773 (tomes 37 à 48, contenant les Fragments sur l’Inde, le Théâtre complet t. 8/2, la Pucelle d’Orléans, et les Questions sur l’Encyclopédie) ; ces volumes ont été principalement imprimés par Jean-Pierre Heubach, avec le concours des autres ateliers lausannois (Abraham-Louis Tarin, Henri Vincent et Isaac Hignou) ainsi que de Jean-Jacques Hellen à Yverdon
- Jules-Henri Pott, toujours, a confié à Isaac Hignou la réimpression des 4 premiers tomes, qui ont paru sous son nom en 1780 (Essai sur les mœurs, t. 1 à 4) ; les tomes 5 et 6 n'ont apparemment pas été réimprimés en 1780 (aucun exemplaire retrouvé).
- les tomes 49-50  (Annales de l'Empire), munis de nouveaux faux-titres, ont été diffusés séparément par François Grasset.
- les tomes 56-57 (tomes 20-21 des Mélanges philosophiques) ont fait l’objet en 1785 d’une diffusion séparée sous le titre Pièces philosophiques, littéraires et historiques.

Outre ces réimpressions et réémissions diverses de tomes entiers de la collection, de nombreux textes publiés à l’intérieur de certains volumes ont été recyclés par Grasset pour constituer autant d’éditions séparées, moyennant diverses retouches des pages déjà composées (titre, pagination et signatures, etc.) ; c’est le cas des Pélopides (t. 16, p. 223-290), de la la Vie de Molière (t. 21, p. 283-345), de Candide (t. 24, p. 267-404), du Pot-pourri (t. 25, p. 1-24), des Lettres d'Amabed (t. 25, p. 327- 400), de La défense de mon oncle (t. 28, p. 279-387), ou encore des Singularités de la nature (t. 30, p. 143 à 247), pour n’en citer que quelques-uns.