Albums-souvenirs

L’industrialisation de la photographie dès la seconde moitié du XIXe siècle ne concerne pas seulement les images ; avec elle s’impose également la production à grande échelle de réceptacles destinés à accueillir et à ordonner leur prolifération : les albums. Pendant plus d’un siècle, ceux-ci vont devenir les principaux supports de conservation et de monstration des images d’amateurs. Petits instruments de gestion des collections iconographiques privées, ils vont beaucoup contribuer à faire de la photographie un « sport de la collection », comme le formule le journal Photographische Industrie en 1914 ; ils vont surtout s’imposer comme les dépositaires centraux de la mémoire familiale, jusqu’à en devenir presque l’équivalent imaginaire dans la conscience occidentale.

D’abord pourvus de fenêtres prédécoupées ordonnant une mise en page standardisée de portraits eux-mêmes uniformisés, les albums photographiques perdent de leur rigidité au début du XXe siècle pour permettre des dispositions désormais libres d’images aux sujets et aux formats variés. Paradoxalement, ces produits de série se retrouvent dès lors voués à célébrer la singularité des vies individuelles, quelle que soit la nature souvent répétitive des événements et rituels consignés. La collection iconographique conserve de nombreux exemples de tels albums-souvenirs privés ; deux d’entre eux frappent par leur caractère hors norme, ceux du cuisinier Auguste Moser.

O.L.