Albums de voyage

La photographie de voyage se développe dès les années 1860, époque où des photographes occidentaux s’installent dans les pays lointains pour y ouvrir leur atelier. Ils y réalisent en studio, avec des modèles locaux en costumes, des portraits commerciaux destinés aux touristes, qui créent ou véhiculent de forts stéréotypes dans la représentation de l’Autre. L’âge d’or de cette production, que le géographe Lionel Gauthier appelle les « clichés exotiques », s’étend de 1860 à 1890. Elle est ensuite progressivement remplacée par l’essor de la carte postale et de la photographie amateur. C’est à partir du tournant du XXe siècle en effet que le maniement de l’appareil photographique se démocratise : sa taille et son prix diminuent, le traitement des négatifs s’industrialise et ne requiert plus de compétence technique particulière. La photographie devient alors l’indispensable témoin des grands moments de la vie et accompagne l’expansion du tourisme, alors que le voyage par train ou par bateau, même s’il reste cher, se fait plus commun et plus confortable.

Plusieurs albums de la Collection iconographique témoignent de cette évolution. Le premier relate le séjour en Algérie du jeune Léopold Eynard, issu d’une riche famille d’origine huguenote, aux alentours de 1890 ; le second raconte, quarante ans plus tard, l’un des nombreux périples de Georges Addor, postier lausannois féru de voyages comme de photographie.

G.N./J.L.