Les deux compagnons sont entrés dans le Purgatoire et se trouvent sur la première corniche, celle où les orgueilleux purgent leur peine. Ils voient alors arriver une troupe de pénitents avançant courbés sous le poids d’énormes rochers.
« Voici venir, mais il vont à pas lents,
Beaucoup de gens, murmura le poète,
Ils nous mettront en voie du prochain escalier. »
[…]
Je commençai : « Maître, ce que je vois
Venir vers nous ne paraît pas des corps.
Je ne sais ce que c’est, tant mes yeux sont troublés. »
Il répondit : « La nature accablante
De leur tourment les courbe contre terre,
Tant que, d’abord, je n’en ai cru mes yeux.
Mais regarde-les bien ; débrouille du regard
Ce qui s’en vient, voûté sous ces rochers, […] »
Il est vrai qu’ils étaient plus ou moins contractés,
Selon qu’ils en avaient plus ou moins sur le dos,
Mais le plus patient d’eux tous en son allure,
Paraissait dire, en pleurs : « Je n’en peux plus. »