Auprès de moi je vis un vieillard seul (Purgatoire, Chant I)

Dante et Virgile émergent de la grotte sur la plage d’une île. Ils se trouvent alors sur l’autre hémisphère de la Terre, du côté où le mont Purgatoire s’élève vers la porte du Paradis. Après avoir contemplé les étoiles, Dante aperçois soudain un vieil homme. Ce dernier est Caton, grand militaire romain du début du I siècle av. J.C. : Dante en fait le gardien de l’Antipurgatoire (soit de l’anti-chambre du Purgatoire).

 

Je regardai, en me tournant à droite,

Vers l’autre pôle et je vis quatre étoiles

Que nul ne vit, hors nos premiers parents :

 

De leurs flammes le ciel semblait se réjouir.

O Terre boréale, oh ! comme tu es veuve,

Puisque tu es privée de contempler ces astres !

Quand à leur vue je me fus arraché,

En me tournant un peu vers notre pôle,

D’où avait disparu déjà le Chariot,

 

Auprès de moi je vis un vieillard seul,

Et d’un air méritant toute la révérence

Que peut devoir à son père aucun fils.

 

Il portait barbe longue et de poil blanc mêlée,

Toute semblable aux cheveux de sa tête,

Qui sur son sein tombaient en double flot ;

 

Et les rayons des quatre étoiles saintes

Paraient son front d’une lumière telle

Qu’il me parut être face au soleil.

Auprès de moi je vis un vieillard seul (Purgatoire, Chant I, Carnet de lavis, 19 février 1988)Auprès de moi je vis un vieillard seul (Purgatoire, Chant I, Gravure sur bois, 1988)Auprès de moi, je vis un vieillard seul (Purgatoire, Chant I, Manière noire, 1989)