Cette gent fatiguée (Enfer, Chant XXIII)

Dans la sixième fosse du huitième cercle, Dante et Virgile rencontrent une groupe de damnés purgeant le péché d’hypocrisie : leur supplice est de porter des chapes de plomb au capuchon rabattu sur les yeux.

 

Nous trouvâmes en bas une troupe fardée

Qui tournait à l’entour, en pleurant, à pas lents,

Et qui semblait accablée, abattue.

 

Ils portaient ample chape au capuchon baissé

Devant les yeux, taillée selon la coupe

Dont on use à Cluny, pour les religieux.

 

Cette chape, au dehors, est d’or éblouissant,

Mais elle est, au dedans, de plomb […] pesante […].

 

Oh ! Pour l’éternité, quelle mante accablante !

Nous tournâmes encor cette fois à main gauche

Au pas de ces esprits, attentifs à leurs plaintes.

 

Mais sous le poids, cette gent fatiguée

Allait si lentement, qu’à chaque tour de hanche

Nous nous trouvions avoir de nouveaux compagnons.

Cette gent fatiguée (Enfer, Chant XXIII, Carnet de lavis, 26 novembre 1987)