Le neuvième cercle est celui où les traîtres sont condamnés à trembler dans la glace du fleuve Cocyte. Dante et Virgile ont alors dépassé la Caïnie (qui rassemble les traîtres à leurs parents) et atteint l’Anténore où agonisent les traîtres à leur cité. Ici, seule la tête des damnés émergent de la glace. Dante en heurte alors une par accident, ce qui lui vaut les vociférations du damné. Le poète tente d’interroger le supplicié, mais ce dernier refusant de se nommer, il commence à lui arracher les cheveux. Il s’avère ensuite que le damné en question est Bocca degli Abbati, dont la trahison causa la défaite des Guelfes à Montaperti en 1260. Dante promet alors d’en ajouter à sa honte lorsqu’il reviendra sur terre.
Et cependant, nous allions vers le centre
Où tend à l’unité tout ce qui a du poids,
Et je tremblais dans le froid éternel.
[…]
Si ce fut volonté, ou destin, ou hasard,
Je ne sais ; mais, passant parmi toutes ces têtes,
Mon pied heurta l’un d’entre leurs visages.
En pleurs, il me cria : « Pourquoi me foules-tu ?
[…] pourquoi me molester ? »
[…]
Mon guide s’arrêta, et je dis à celui
Qui blasphémait encor violemment :
« Qui donc es-tu, toi qui gronde d’autrui ? »
– « Et toi, qui es-tu donc, qui vas par l’Anténore,
Heurtant, répondit-il, les joues de ton prochain ?
C’en serait trop, si tu était vivant ! »
– « Vivant, oui, je le suis : si tu veux du renom,
– Telle fut ma riposte – il se peut qu’il te plaise
Que je cite ton nom parmi ceux que je note. »
Il repartit : « Moi, j’ai soif du contraire.
Va-t’en d’ici, ne me fatigue plus :
En ce marais tu sais bien mal me flatter ! »
Je l’empoignai alors par le chignon,
En lui disant : « Il faudra te nommer,
Ou pas un poil ne te tiendra au crâne ! »