Les ailes ne purent devancer le frayeur (Enfer, Chant XXII)

Dante et Virgile ont atteint le huitième cercle, celui où sont punis les trompeurs qui sont répartis dans dix fosses selon leur péché. Les deux compagnons arrivent alors devant la cinquième fosse surveillée par des démons : ces derniers guettent tout damné sortant trop de la poix brûlante pour le torturer. A ce moment, ils attrapent justement Ciampolo de Navarre, un damné qui s’est laissé distraire par les deux arrivants.

 

O mon lecteur, écoute un joli tour :

Tous [les démons] de l’autre côté détournèrent les yeux,

Et tout d’abord celui [Arlequin] qui repoussait l’épreuve. 

 

Le Navarrais [damné natif de Navarre] bien à point prit son temps,

Ses pieds à terre il affermit et tout d’un coup

Sauta, se délivrant ainsi de leurs desseins.

 

De la bévue chacun se dépita,

Mais surtout Arlequin, qui de l’erreur fut cause :

Il s’élança en criant : « Tu es pris ! »

 

Ce fut en vain car les ailes ne purent

Devancer le frayeur : l’un disparut au fond,

L’autre dut, en volant, redresser la poitrine.

Les ailes ne purent devancer le frayeur (Enfer, Chant XXII, Carnet de lavis, 23 novembre 1987)