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La gravure dans tous ses états

La pratique de la gravure accompagne Catherine Bolle depuis ses premiers pas dans le monde de la création plastique.

L’intérêt de la jeune artiste pour ce moyen d’expression doit être replacé dans le contexte d’une époque que rêvait d’un art qui excède le groupe très fermés des collectionneurs.
En multipliant les exemplaires et en diminuant les prix,
la gravure offrait une alternative à l’oeuvre unique.

Pour l’étudiante qu’elle était, aux Beaux-Arts, à Sierre, l’investissement en matériel était par ailleurs assez modeste, au moins pour la lino et la xylogravure, techniques dans lesquelles elle fit ses premières armes, avant de se découvrir dans les années 90, au contact de Raymond Meyer, à Pully, une passion pour la gravure en taille-douce qui ne s’est plus démentie depuis. Peut-être la petite gravure de Pietro Sarto que son père, lui-même peintre de talent, lui offrit à l’occasion de la visite l’exposition « La gravure en creux des origines à nos jours » au Château de La Sarraz, en 1974, n’est-elle pas étrangère à ce choix.

Quoi qu’il en soit, la taille-douce, principalement la pointe sèche, mais aussi l’eau-forte et l’aquatinte, sont à la base de très nombreux livres, qu’ils soient entièrement gravés (texte et images) ou de les gravures soient associées à des textes typographiés ou incorporées à des interventions.

Douze haïku (1998)

Douze haïku
Texte de Silvio Corsini, gravures de Catherine Bolle
Pully : Raymond Meyer, 1998
Deux éditions distinctes, l’une sous forme de livre (leporello, 18 cm, en noir et blanc), l’autre sous forme de planche (100 cm, avec des à-plats en couleurs)
– 12 leporellos, num. de 1/12 à 12/12
Ex. n° 4/12
– 12 planches, num. de 1 à 12
Ex. n° 4

Comme de nombreux génies méconnus, Silvio Corsini a noirci plusieurs carnets et feuillets à l’aide de crayons de fortune. De ce fatras impubliable demeurent quelques instantanés écrits sans autre prétention que celle d’essayer de coucher sur le papier, comme le photographe fixe une image, les (trop) rares instants de grâce offerts par la vie à un homme ordinaire. Moments ténus, où l’émotion vient à la rencontre de l’âme, euphorie fugace, que l’art subtil du haiku permet si bien de traduire.
La relation professionnelle entretenue avec Catherine Bolle dès 1987 s’est transformée petit à petit en une amitié complice dont ce recueil est une manifestation tangible.
Dans sa version sous forme d’une planche de grand format, cet ouvrage constitue une première tentative d’exorciser – ou plutôt apprivoiser! – la gravure en couleur, un champ resté jusqu’ici inexploré.


Trois fragments (1989)

Trois fragments
de François Cheng, G. Pauthier, Salah Stétié
Pully : Raymond Meyer, 1989
Typo : François Roubin, Genève
2 double f., 7 pl., 4 f. sous coffret ; 41 cm
Sept tachygraphies (aquatintes) de Catherine Bolle
– 10 ex. num. de 1 à 10 ; – 2 ex. HC I et HC II
Ex. n° 2

Littéralement, le mot « tachygraphie » décrit une écriture en forme de taches. Le terme renvoie aussi à la mesure des pulsions du coeur, inscrivant l’écriture au centre de la passion. Cadence, rythme, contrôle des pulsations… boîte noire? Le recours à l’aquatinte transcrit admirablement ce travail de recherche sur la tache et le noir, suscité et rythmé par des extraits d’auteurs dans la lecture desquels l’artiste était alors immergée.