• Accès rapides :
  Bibliographie
  Notes en bas de page

Marcel Imsand, 1'000 Lausanne, 1969

L’ouvrage 1'000 Lausanne (fig. 1), publié par les Éditions Payot en 1969, est une commande de la municipalité à Marcel Imsand, dont ce sera le premier livre. Il était destiné à être remis aux jeunes Lausannois ayant atteint leur majorité plutôt qu’à être distribué commercialement, ce qui ne l’empêchera pas d’obtenir l’un des Prix des plus beaux livres suisses. Il s’ouvre sur une préface du journaliste Bertil Galland, suivie de deux textes de l’écrivain Jacques Chessex et du géographe Jacques Barbier, qui reviennent chacun sur l'histoire du développement de la cité. Marcel Imsand, lui, prend le parti de témoigner de la vie et de la modernité de la ville, dynamisme que traduit déjà la couverture, image tremblée de l’agglomération allumée de mille feux vue depuis le lac.

Fig. 1, 1'000 Lausanne, couverture.

Il s’inscrit ainsi dans la lignée de l’album Lausanne d’Yvan Dalain en 1963. Mais plus encore que ce dernier, Imsand cherche à plonger dans la vie de la rue, à se situer au plus proche des gens et de leur intimité, jusqu’à intégrer plusieurs portraits d’anonymes.

Destiné à des jeunes, le livre présente une ville moderne. Mais deux lectures peuvent en être effectuées : la première consiste à s’immerger simplement dans la vie des Lausannois et à s’imprégner d’une certaine atmosphère urbaine ; la seconde permet cependant, à l’aide de la table des illustrations, une traversée touristique de la ville qui n’oublie aucun de ses centres d’intérêts et reprend un parcours éprouvé dans maints albums antérieurs, de la cathédrale vers les lieux de loisirs, le lac et Sauvabelin.

La mise en page se distingue des ouvrages antérieurs par de nombreux jeux graphiques entre les images. Des motifs sont repris des deux côtés d’une double page, tels que le remploi du chapeau (fig. 2) ou l’encadrement d’un feuillage (fig. 3), permettant de relier différents aspects de Lausanne. Les photographies fonctionnent finalement comme un tout, qu’unifie encore l’usage continu d’un fort grain, obtenu par l’emploi de pellicules à haute sensibilité (400 ASA) et de procédés de tirage adaptés. Marcel Imsand s’y plaît à faire contraster l’ancien et le moderne, les toits de la Cité et la vie bouillonnante des rues (fig. 4), la Cathédrale et les Tours de Valmont (fig. 5), les cheveux blancs et les parures juvéniles (fig. 6). Lausanne apparaît ainsi comme une ville vivante où fusionnent passé et présent – une ville multiple, en conformité avec le titre et avec le constat liminaire de Jacques Chessex, qui y voit « une ville capricante, […] médiévale et contemporaine, paysanne et industrielle, riche et modeste, faste et discrète, déserte et surpeuplée, et tout ceci au même instant ».

Fig. 2, 1'000 Lausanne, n. p.	Fig. 3, 1'000 Lausanne, n. p.
Fig. 4, 1'000 Lausanne, n. p.	Fig. 5, 1'000 Lausanne, n. p.
Fig. 6, 1'000 Lausanne, n. p.

— Jenny Aubert